Goliath (2022)

Goliath est un film français réalisé par Frédéric Tellier, sorti en 2022, avec Emmanuelle Bercot, Gilles Lellouche et Pierre Niney. 

La tétrazine est un pesticide cancérigène qui fait des ravages dans les régions agricoles. Des habitants des zones rurales comme France voient les dégâts chaque jour et ne supportent plus l'inaction des pouvoirs publics. Mais ceux ci sont influencés par des lobbyistes, parmi lesquels le jeune et redoutable Mathias Zorner, payés pour défendre corps et âmes les intérêts des grands groupes agrochimiques. Patrick Farmeau l'apprend à ses dépends lorsqu'une de ses clientes victime de la tétrazine se suicide, et qu'il se jure de défendre le dossier jusqu'au bout. 

Qui pour abattre le Goliath menaçant qu'est l'industrie, tenant dans sa poigne d'acier des secteurs entiers comme l'agriculture et la pharmacologie, mais aussi nos propres dirigeants ? Frédéric Tellier donne des pistes avec ce film, indiquant qu'il faut du courage, de la détermination et de la volonté pour s'attaquer au colosse, sans pour autant réussir à le faire tomber. Des actions citoyennes violentes, des sacrifices, voire même un miracle inattendu peuvent aussi changer la donne. Mais l'âpre constat est bien là : le géant domine toujours. Il tue chaque jour. Et il tuera encore, par complaisance, par désintérêt, par crainte, par peine. Il tuera parce qu'on le laisse un peu faire, quelque part. 

Les mots sont francs ici, parce que le film l'est. Cru dans ses scènes de pathos, cynique jusqu'au bout dans ses scènes dans les jupons de l'élite, Goliath sait également prendre le temps de poser son débat, de laisser ses protagonistes échanger, et permet ainsi de rester foisonnant, riche en contenu et en émotions, ce qui lui donne toute sa force. La réalisation est belle, contemplant parfois le monde des hommes de haut dans leur misère, d'autres les observant d'en bas, dans leur tour d'ivoire. Les images sont belles, plus que la réalité. (Comme toujours ?) 

Le casting principal est impeccable, entre Emmanuelle Bercot désespérée et prête à tout donner dans son combat, et Gilles Lellouche désabusé et écrasé par la pression et la solitude, mais guidé par un sens retrouvé du Bien. Pierre Niney est la cerise sur le gâteau, dans un registre là où l'a peu vu dans sa carrière. Le gentil beau gosse du cinéma français est ici une ordure nauséabonde obsédée par le contrôle et l'image qui le rendent viscéralement détestable. Autrement dit, un excellent travail d'écriture et de jeu. On reprochera peut-être juste au film de s'écouter parler dans certains dialogues, et de reposer sur un élément final faible, aussi jouissif soit-il. 

Goliath est donc un très bon film, un petit bijou qui frappe en pleine conscience quand on garde le cœur ouvert. Goliath n'oublie pas les gens, interroge, assaille, et démontre clairement que ce qui grandit vite et bien peut très bien être pourri à la racine. Ce film ci est certifié naturel, appellation contrôlée. Un produit admirable.