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Novembre est un film de Cédric Jiménez sorti en 2022 avec Jean Dujardin, Anaïs Desmoutier et Sandrine Kiberlain.
13 Novembre 2015. La France est touchée par une série d'attaques terroristes à Paris. La sous-direction antiterroriste est aux abois. Trois terroristes en fuite dans Paris, des centaines de victimes... Des milliers de pistes à suivre pour trouver les tueurs. La tâche semble impossible alors que la peur, les chagrins et la pression sont partout autour des policiers...
Après la polémique Bac Nord, Jiménez revient en salles avec un film policier extrêmement musclé et au combien compliqué par son propos. Presque 7 ans plus tard, les cicatrices sont encore douloureuses quand on voit François Hollande s'adresser aux Français, les bulletins d'informations et les images des terroristes. Tout le monde sait où il était ce soir là, parisien ou non. Jiménez choisit d'éviter le pathos, déjà traité d'ailleurs dans Revoir Paris plus tôt cette année, et nous plonge dans une enquête brute et strictement factuelle. Les interrogatoires s'enchaînent, les fausses pistes se suivent, la tension s'installe... Jiménez pose le décors rapidement, sans concession, et nous plonge dans le quotidien romancé de la police. Le film est fort, dur, grâce à son casting, grâce à son thème, grâce à sa réalisation, mais un élément clé manque : l'attachement.
À vouloir en effet faire un film objectif et extérieur, Jiménez oublie qu'un personnage constitue un point d'ancrage pour le spectateur, et que sans ancrage, on reste au final au dehors. C'est le cas pour Novembre. Dujardin se démène, Desmoutier s'échine, Kiberlain reste grave, mais aucun n'arrive à créer un lien avec le public. On reste donc attentif et investi dans l'enquête tout en étant au final en retrait, parce que le sort des personnages principaux nous importe peu. Le sort des personnages réels nous est déjà connu, les personnages fictifs ne vont quant à eux nul part... La volonté de rajouter une couche de fiction peut aussi gêner, mais il s'agit d'un parti pris. La fiction n'écornera en rien à la réalité de toute façon. On regrettera peut-être aussi la fin un peu abrupte, mais la faute là aussi aux personnages sans arc ou objectifs autres que d'arrêter les terroristes. Quand c'est fini, ben c'est fini, on passe à autre chose. Mentions honorables tout de même pour l'humanisation de certains çà et là, et pour la scène clé du film dans le dernier acte, la plus puissante émotionnellement en plus d'être spectaculaire.
Novembre est donc un très bon policier, servi par un casting impeccable et une mise en scène remarquable. Jiménez reste un réalisateur formidable dans le paysage français actuel, mais sa volonté de raconter l'enquête des attentats conduit inévitablement dans un cul de sac, pour différentes raisons. Objectivité, actualité... Novembre arrive trop tôt, pas parce qu'on est en octobre mais parce que l'évènement reste frais, et qu'il fallait forcément rester frileux pour ne pas trop secouer le public, au risque de réveiller de vieux démons comme Bac Nord a pu réveiller la haine des cités ou la haine des flics. À voir si la froideur de Novembre ne vous effraie pas...